Désescalade de la violence : des formations pratiques pour aider les élus

  • Mis à jour le 22/02/2024
  • Actualité
  • Publié le 30/06/2023
Élus assis autour d'une table, participants à une formation
police nationale

Insultes, agressions physiques, destructions… Au quotidien, les élus sont de plus en plus exposés à la violence de leurs administrés. Pour les aider à apaiser les tensions, la police nationale propose régulièrement des formations développées par la cellule négociation du RAID et dispensées conjointement avec l’École nationale supérieure de police (ENSP).

Paris, siège de l’association des Maires d’Île-de-France . Une quinzaine d’élus participe à une matinée de conseils et d’échanges pour renforcer leur sécurité. « L’écharpe tricolore ne protège plus », constate le formateur de l’ENSP. « De la petite commune au niveau national, l’élu est souvent démuni face à cela. Et la menace est également présente sur Internet ».

Au programme : des mises en situation pratiques. Chaque jour, les élus sont confrontés à des situations désespérées comme des demandes de logements sociaux de la part d’habitants en grande précarité. Deux maires se mettent en scène pour l’exercice : ils font face à une administrée qui s’emporte puis finit par sortir une bouteille de produit inflammable « Ce scénario est directement inspiré de faits réels », précisent les formateurs. Vient ensuite le temps de l’analyse au bénéfice de tous les participants. Intonation de voix, débit, posture, déplacements dans la pièce et mobilier… Tout est décrypté par les policiers qui leur font partager des conseils et de précieuses techniques utilisées par les négociateurs du RAID lors de prises d’otage, ici transposées à leur situation d’élus : « il y a quatre clés essentielles pour désamorcer un conflit. Tout d’abord, se renseigner en amont sur le motif précis de la venue de l’administré. Si besoin, demander à être accompagné. Lors du rendez-vous,montrer que l’on s’intéresse à la personne reçue, faire preuve d’empathie, reformuler sa demande. Enfin, proposer ensemble une solution pour résoudre le conflit. Si la situation dégénère, composez le 17 ». Les formateurs préconisent également de reconfigurer les lieux lorsqu’un rendez-vous avec un administré s’annonce potentiellement houleux : « il ne faut pas hésiter à retirer un presse-papier en pierre, des ciseaux sur la table… ». La séquence suivante est consacrée à l’analyse de vidéos d’agressions de personnalités politiques.

L’objectif de cette matinée ? « Cette formation permet à chacun d’acquérir le B.A-ba en matière de désescalade de la violence. C’est une sorte d’école pour les élus de la république, qu’il faut aimer et défendre », indique Patrice Gebauer, maire à le Thillay (95).

Autour de la table, les quinze élus partagent leur expérience sur les faits de violence et le sentiment de solitude qu’ils ressentent. « Le silence administratif génère de la frustration », constate Laurence Alavi, 1e maire-adjointe à Andrésy (78). « Les administrés sont dans une recherche d’immédiateté : ils veulent une solution tout de suite. C’est ce qui génère en partie les problèmes de civisme, d’irrespect, de mauvaise compréhension ». « On n’est pas des cow-boys, on est des élus », témoigne un maire.

À l’issue de la formation, les quinze participants ont reçu un guide simplifié de gestion de crises élaboré par l’ENSP et le RAID.