Diplôme universitaire « police-population » : témoignage d’un policier-étudiant

  • Mis à jour le 29/11/2023
  • Actualité
  • Publié le 05/10/2023
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Sandrine Sarfati / police nationale

Raphaël V., policier âgé de 47 ans, fait partie de la toute première promotion du diplôme de sociologie « police-population » proposé par l’académie de police et l’Université de Picardie -Jules Verne.

Voici ses impressions sur ses deux premiers jours de formation qui a commencé fin septembre à Amiens.

Comment avez-vous rejoint la police nationale ?

Après un BTS industriel, j’ai choisi d’effectuer mon service militaire dans la police nationale. Cette expérience m’a permis de découvrir cet univers qui correspond à ma personnalité organisée et investie. Je me suis ensuite engagé en tant que policier adjoint puis j’ai passé le concours de gardien de la paix. J’ai obtenu la qualification d’officier de police judiciaire en juin 2006.

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Je suis affecté à la division de la prévention, des partenariats et du continuum de sécurité (DPPCS) de la sous-direction de la sécurité du quotidien et des partenariats à la direction nationale de la sécurité publique (DNSP). Je suis en charge particulièrement du suivi et du déploiement auprès des services territoriaux des dispositifs des délégués à la cohésion police population (DCPP) ainsi que du service national universel (SNU) qui est un enjeu majeur pour faire découvrir la police nationale aux adolescents.

Dans ma section, nous suivons également un ensemble de dispositifs qui ont pour but le rapprochement de la police et de la population. Ils permettent de toucher un panel de tout âge de la population, depuis l’école primaire avec le permis Internet en partenariat avec l’Éducation nationale jusqu’à l’opération tranquillité senior (OTS), en passant par le service civique pour des missions en commissariat.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de cette formation ?

Je suis policier depuis 23 ans. Pour moi, le métier de policier, c’est aider les personnes qui sont moins fortes que d’autres, s’assurer qu’elles puissent vivre comme tout le monde. Durant toute ma carrière, j’ai rencontré différents types de populations, aussi bien des citoyens que des élus, des magistrats, des journalistes, des détenus… Je me suis alors rendu compte que chacun a sa vision personnelle de la police, parfois hostile, d’autres fois non. Comment expliquer cela ? Je me suis d’autant plus posé la question que notre métier sert la population et la protège au quotidien. C’est blessant lorsque certains médias dépeignent les policiers en négatif. Autre élément marquant : lorsque je me présente à de nouvelles personnes, dans le cadre amical par exemple, je rencontre souvent de l’étonnement, on me répond que je ne corresponds pas aux préjugés qu’elles se font de la profession. D’où cela provient-il ?

Lorsque j’ai découvert le diplôme universitaire « police-population », je me suis dit que c’était justement une opportunité pour essayer de comprendre ces phénomènes, de mieux cerner les interactions enter la police et la population.

Comment se sont déroulés les premiers cours ?

Ces deux premiers jours étaient très intéressants, nous avons eu nos premiers cours d’introduction à la sociologie. Cela nous permet d’avoir une analyse différente de notre univers de travail. On se pose beaucoup de questions, on réfléchit au positionnement de chacun. On confronte notre regard policier à d’autres. J’ai notamment pris conscience du fait que l’éducation et l’histoire familiale jouent un rôle structurant pour chaque individu et dans sa vision de la société. Chacun se construit avec son histoire personnelle.

Cet été, j’ai lu les enquêtes de terrain proposées par les professeurs. Ces textes permettent de poser des mots sur du ressenti, comme le fait que les services spécialisés sont souvent davantage mis en avant dans les commissariats et dans les médias plutôt que l’unité de police-secours, alors que cette unité est l’une des plus représentatives du travail policier.

Comment se compose cette première promotion ?

Nous sommes cinquante camarades de promotion, tous très motivés et investis. La diversité de la police nationale est très bien représentée parmi les candidats retenus, que ce soit en termes d’âges, de grades, de genre… La répartition est proportionnelle à la réalité du terrain. Je suis également content de voir que nous comptons deux contractuels, dont un personnel technique et scientifique. Cela prouve qu’il n’y a pas seulement les policiers actifs qui s’intéressent aux interactions police- population, nous sommes tous curieux de comprendre les enjeux qui y sont liés.

Nous avons commencé à réfléchir à nos sujets de mémoire. Pour ma part, il portera sûrement sur les interactions police-population via les outils numériques.