Guyane : sur la piste des orpailleurs illégaux

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  • Publié le 04/03/2024
Policiers en tenue de camouflage dans la forêt amazonienne
Philippe Daurios / police nationale

Recouverte à 96% par la forêt amazonienne, la Guyane demeure l’unique porte d’entrée de l’Union européenne sur le continent sud-américain.

L’orpaillage* illégal gangrène l’Amazonie et occasionne des conséquences environnementales graves. Les policiers luttent contre ce phénomène aux côtés de la gendarmerie et de l’Armée de terre. Plusieurs fois par mois, ils organisent des opérations en forêt afin de démanteler les réseaux. Chacun intervient dans son domaine de compétence. La police nationale prend en charge les infractions liées à l’humain et aide au repérage des camps.

« Nous obtenons des renseignements de l’office national des forêts (ONF) », explique Jean-Michel, officier chargé des opérations à Saint-Laurent. « Ils disposent de drones et nous indiquent d’éventuels campements. Nous devons marcher parfois un ou deux jours et dormir en forêt. Si nous interpellons, nous faisons appel à un hélicoptère ou nous ramenons les gardés à vue à pied ». Les délais sont adaptés à l’environnement particulier. « Nous avisons le procureur de la République grâce au téléphone satellite puis nous disposons de 20 heures pour faire exercer les droits. »

Seule condition à ces opérations : être accompagnés de militaires dans le cadre de l’opération Harpie. « Pour être habilité, nous effectuons un stage de trois jours encadrés par les militaires. Ils nous apprennent à repérer les dangers de la forêt. Nous devons être physiquement aptes, car nous partons avec plus de 40 kg sur le dos », précise Bruno, son collègue. La mission du jour : vérifier que les emplacements déjà démantelés n’ont pas été réhabilités. Pour progresser en forêt amazonienne, les policiers doivent faire usage d’une machette de service afin d’ouvrir le chemin. Ils portent des vêtements de camouflage adaptés à l’air chargé d’humidité et aux températures qui dépassent les 30 °C. L’équipe est également attentive à certaines plantes particulièrement coupantes ou aux essaims de guêpes. 

Jean-Michel interpelle ses collègues : une branche a été positionnée de façon à flécher un nouveau sentier. De l’autre côté de la rivière, il remarque des empreintes de chaussures. Les orpailleurs sont partis plus loin pour bâtir un nouveau campement.

De retour en bordure de route, une nouvelle base arrière est découverte. Ses occupants viennent de la quitter, une casserole de feijoada – plat typique brésilien – mijote encore et des vêtements mouillés n’ont pas eu le temps d’être étendus. Jean-Michel explique : « Ce sont des Brésiliens qui occupent ces camps organisés comme de vrais villages. Généralement, les femmes sont présentes en journée pendant que les hommes partent travailler sur les sites. Si nous découvrons du matériel destiné directement à l’orpaillage, nous le détruisons. Nous avons une autorisation permanente du Procureur. »

La Guyane, terre riche en or, attire des groupes criminels organisés venus du Brésil. Le pays n’est qu’à une centaine de kilomètres au-delà d’une autre frontière naturelle, le fleuve Oyapok.

* L’orpaillage est la recherche et l’extraction artisanale de l’or