Journalistes : une journée en immersion auprès des compagnies républicaines de sécurité pour comprendre le schéma national du maintien de l’ordre

  • Mis à jour le 29/11/2023
  • Actualité
  • Publié le 26/07/2023
CRS de dos lors d'un entrainement avec une civile
police nationale

Fin juin, une quinzaine de journalistes a participé à une journée de sensibilisation au maintien de l'ordre à Bièvres (91). Au programme : présentation du fonctionnement d'une compagnie républicaine de sécurité, démonstrations de matériels et engins, puis exercice grandeur nature. L'occasion pour eux de mieux découvrir les missions des professionnels du maintien de l'ordre.

«La mission première des forces de l’ordre? Garantir le bon déroulé d’une liberté fondamentale: le droit de manifester». C’est ainsi que s’ouvre cette journée de sensibilisation aux médias. «Avec les gendarmes mobiles, les CRS sont les professionnels du maintien de l’ordre», explique Pascale Dubois, directrice centrale des compagnies républicaines de sécurité.

Le schéma national du maintien de l’ordre

Un nouveau schéma national de maintien de l’ordre est à l’œuvre depuis 2021. Cette doctrine a pour objectif de permettre à chaque citoyen de s’exprimer librement dans les formes prévues par la loi, en empêchant tout acte violent contre les personnes et les biens lors des manifestations. Elle est également plus protectrice vis-à-vis des journalistes.

Qu’est-ce qu’une sommation? Qui décide de la réponse opérationnelle sur le terrain? Qui définit sur place qu’elle est bien proportionnelle? Les journalistes ont de nombreuses questions sur le sujet. «Le maintien de l’ordre ne s’improvise pas», rappelle un formateur. «Il s’inscrit dans le cadre de la doctrine tactique évolutive et requiert une adaptation constantedes équipes ». Réactivité, organisation et mobilité sont les maîtres mots des CRS. «Le but est que les manifestants paisibles puissent défiler librement».

Depuis quelques années, l’émergence de groupuscules comme les black blocs nécessite une évolution des techniques comme les engins lanceurs d’eau. Les sommations s’effectuent de différentes façons: par mégaphone ou par fumigène rouge, lorsque la première option n’est pas réalisable à cause du bruit.

Pour renforcer la communication avec les manifestants, des équipes de liaison et d’information se déploient en civil. Leur rôle? Échanger avec les organisateurs de la manifestation et les prévenir des éventuels incidents (intervention de secours…) et opérations des forces de l’ordre (charge imminente...). Quant aux réseaux sociaux, ils permettent de déployer auprès de la population des messages opérationnels et de ne pas ignorer les conditions d’une manifestation, comme «utilisation de grenades de désencerclement dans tel secteur» ou «dispersion en cours».

Présentation des équipements

Place ensuite à la présentation des engins, matériels et armes dédiés au maintien de l’ordre démocratique. «L’objectif est d’éviter tout contact physique avec la foule», précisent les formateurs. Les journalistes apprennent les différents types de grenades ainsi que le cadre bien précis de leur utilisation. «La traçabilité est assurée en continu», poursuivent les formateurs. «Nombre de fumigènes utilisés, grenades… Tout est consigné en direct par un greffier. Nous communiquons par radio pendant les manifestations».

Différentes armes artisanales utilisées par les manifestants (cocktails molotov, blocs de béton avec des vis, piles d’abribus…) sont présentées aux journalistes.

Un exercice grandeur nature

Casque, gilet tactique, jambières… Une fois équipés, les journalistes intègrent une compagnie républicaine de sécurité, le temps d’une reconstitution de manifestation. Ils sont initiés à différentes manœuvres et font face à des manifestants virulents (joués par des CRS) qui leur lancent des projectiles (balles de tennis, parpaings en mousse…). Ils suivent ainsi en direct l’évolution du dispositif et des ordres du commandement en fonction du comportement des manifestants. « Attention ! Attention ! Vous participez à un attroupement. Obéissance à la loi. Vous devez vous disperser et quitter les lieux. » Les journalistes sont au cœur même du déploiement du schéma national du maintien de l’ordre.

Un exercice enrichissant, de l’avis unanime des participants: «C’était très intéressant d’être dans le feu de l’action. On se rend compte de la concentration que cela demande pour rester en sécurité, écouter les ordres. Je verrai les manifestations d’un autre œil», témoigne un journaliste de la presse écrite quotidienne.

«Je sais maintenant à quoi correspondent les lettres A, B et C qui figurent au dos des gilets des CRS*», poursuit un autre journaliste. «En tant que média, on ne voit pas souvent comment les choses se déroulent de l’autre côté. Je comprends mieux les difficultés collectives après cette journée à porter une tenue lourde. Il faut être en très bonne condition physique pour être CRS».

* la lettre A signifie «groupe d’intervention », la lettre B signifie «groupe d’appui» et la lettre C «groupe de commandement»

Les CRS en quelques mots

  • Les policiers suivent une formation de 3 semaines après leur école de police pour devenir CRS ;
  • La France compte 61 compagnies de CRS ;
  • 4 nouvelles unités CRS (Marseille, Montauban, Lille, Nantes) vont être créées dans les prochains mois sur le modèle de la CRS 8: une disponibilité 24h/24h, 7j/7 (alternance une semaine de travail, une semaine de repos) ;
  • Les CRS ont une compétence nationale : ils sont en déplacement 200 à 220 jours par an en moyenne ;
  • Outre le maintien de l’ordre, ils effectuent des missions de participation à la lutte contre les stupéfiants, contre l’insécurité routière,apportent leur soutien à la police aux frontières, au service de la protection (SDLP), des missions de sauvetage en montagne, en mer…