Lutte contre les violences faites aux femmes : séances de self-défense avec Nicolas Chiummiento

Nicolas Chiummiento en séance de self-défense
Nina Gatouillat / police nationale

Nicolas Chiummiento, 38 ans, est gardien de la paix et sportif de haut niveau de l’équipe police nationale.

Le quadruple champion du monde de boxe française savate est également très engagé dans différents projets d’insertion sociale et de lutte contre les violences faites aux femmes dans sa ville : Calais.


 

C’est à la maison des femmes de Calais, espace d’accueil et d’aide pour les femmes sur différents volets (santé, violences, soutien psychologique) et fondé par la ville en 2022, que se déroulent ces séances plusieurs fois par mois. Elles s’inspirent de la savate défense, une discipline associée à la fédération de boxe française savate et qui comporte un volet self-défense. L’idée est de recréer les conditions les plus proches de la réalité : les participantes ne sont donc pas en tenue sportive.

« Le but n’est pas de les transformer en reines des arènes », explique Nicolas Chiummiento. « Je vais m’adapter à leurs attentes. L’essentiel est qu’elles sachent se protéger et se défendre. Lors d’une agression, les victimes sont souvent tétanisées par la peur. Il est primordial d’avoir des réflexes, de savoir riposter par un ou deux coups ciblés pour déstabiliser l’agresseur, prendre la fuite dès que possible et prévenir les autorités ». 
 

La séance s’ouvre tout d’abord sur un tour de table. Âgées de 15 à 60 ans, les participantes se livrent sur leurs histoires personnelles : un fils qui frappe au quotidien, un ex-mari qui a été condamné après des années de sévices, un petit-ami menaçant, un père qui insulte … Certaines n’ont pas été victimes et viennent pour apprendre des techniques, « au cas où ». D’autres minimisent les violences : « une claque, c’est une violence », précise le policier. Il explique le principe de légitime défense : « Il faut une atteinte réelle, injustifiée, que la réponse soit proportionnelle et immédiate. Un témoin peut intervenir dans le cadre de la légitime défense pour venir en aide à la victime. »

Le groupe bénéficie des conseils de Nicolas. « Comment faire pour alerter les policiers sans que mon fils, addict aux drogues et en pleine crise, ne s’en aperçoive et ne s’acharne encore plus sur moi ? » demande par exemple Marianne. Le sportif de haut niveau rappelle l’existence du numéro 114, auquel il est possible d’envoyer un SMS si l’on est dans l’incapacité de parler. Il remet également des brochures présentant les différents dispositifs d’aide aux victimes de violences intrafamiliales comme le téléphone grave danger.

Vient ensuite la phase pratique. Comment se relever lorsque l’on a chuté au sol ? Comment se libérer si l’on est plaquée au mur ? Ou bien étranglée ? Comment s’échapper d’un espace exigu comme une cuisine ? Nicolas présente des gestes simples pour aider les femmes à se libérer d’un agresseur. « Il faut avant tout protéger votre visage, la face interne des bras et surtout le plexus et le foie, qui sont des zones vitales. N’hésitez pas à déstabiliser l’agresseur en frappant des points sensibles comme au-dessus des genoux ou entre les jambes ».

Les participantes s’entraînent en binôme, acquièrent progressivement confiance dans leurs mouvements. Après une heure trente d’échanges et d’entraînement, elles ressortent enthousiastes de cette première séance. « Je me sens déjà plus armée pour me défendre. Avant, je regardais les films à la télé pour m’inspirer des techniques de combat », conclut Johanna, ancienne victime de violences conjugales.