La police aux frontières fête ses 50 ans

  • Mis à jour le 29/11/2023
  • Actualité
  • Publié le 01/08/2023
Policier de la police aux frontières de dos
police nationale

En ce mardi 1er août, la police aux frontières (PAF) souffle ses cinquante bougies. Interview de Fabrice Gardon, directeur national de la PAF à la tête de cette direction depuis août 2022.

Quelle est l’histoire de la PAF?

La sous direction de la police de l’air, des frontières et des chemins de fer est tout d’abord créée le 13 décembre 1952 à l’intérieur de la direction centrale des renseignements généraux. Elle prend son autonomie le 1er août 1973 avec la création du service central de la police de l’air et des frontières. En 1994, la direction centrale du contrôle de l’immigration et de la lutte contre l’emploi des clandestins (DICCIILEC) la remplace, transformée en direction centrale de la police aux frontières en 1999.

Quelles sont les conséquences de la réforme de la police nationalepour la filière PAF ?

Le décret du 29 juin 2023 marque la création de la direction nationale de la police aux frontières. Avec la réforme de la police nationale, la PAF devient l'une des quatre directions nationales de la DGPN. Ses 12 000 agents en métropole et en outre-mer se recentrent sur leur cœur de métierdont bien évidemment la lutte contre l'immigration irrégulière. La PAF est cheffe de file pour de nombreux sujets: démantèlement des réseaux de trafiquants avec l'office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM), fraude documentaire et à l’identité, moyens maritimes et aériens, drone et lutte anti drone, contrôles des trains et bus internationaux… Elle travaille en lien étroit notamment avec la direction générale des étrangers en France (DGEF) du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer qui définit la stratégie sur les sujets migratoires.

Quelles sont ses missions?

La PAF est un concentré de toutes les spécialités de la police nationale: ses agents y traitent à la fois des procédures administratives (pour les étrangers en situation irrégulière jusqu'à leur éloignement) et judiciaires (démantèlement des réseaux de passeurs notamment), ils alternent entre opérationnel et stratégique, ont une forte dimension internationale (relations bilatérales avec les services de PAF des pays limitrophes ou du Maghreb, avec la commission européenne, etc.) et ils doivent prendre en compte également les enjeux liés à la diplomatie (lien étroit avec la direction des affaires européennes et internationales du ministère de l'Intérieur et des Outre-Mer). À la tête de la police aux frontières depuis un an, je continue d’être fasciné par la richesse et la diversité de ses missions, et par le haut niveau d'engagement de nos agents.

En résumé, la PAF comporte deux axes principaux. Le premier consiste à empêcher les immigrés en situation irrégulière de pénétrer sur le territoire, avec des contrôles effectués sur les frontières extérieures de l’espace Schengen (grands ports internationaux, aéroports, gares internationales à Paris et Londres...) mais également des contrôles sur les frontières intérieures qui ont été renforcés depuis les attentats de 2015 avec tous les pays limitrophes. Nous disposons de brigades mixtes ou nous organisons des patrouilles conjointes avec l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et la Suisse. Pour empêcher le maximum de migrants irréguliers de pénétrer sur notre sol, l'action de l'OLTIM et de ses antennes réparties sur tout le territoire est également essentielle: derrière chaque migrant, il y a systématiquement des réseaux de passeurs. Enfin, la PAF est très impliquée dans le fonctionnement de l' agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX).

Deuxième axe: pour les migrants qui parviennent néanmoins à entrer illégalement sur le territoire, la PAF est chargée de traiter les procédures les concernant, de gérer les centres de rétention administrative (CRA) (total d'environ 2 000 places) et enfin de procéder d'un point de vue opérationnel à l'éloignement forcé vers les pays d'origine. Nos services travaillent quotidiennement avec les préfectures et les consulats afin d’obtenir les laisser passer consulaires et de prévoir les trajets de retour par voie aérienne ou maritime. Ces éloignements forcés sont réalisés soit à partir des vols commerciaux avec des escorteurs de la PAF, soit avec des moyens aériens dédiés dont dispose le groupement aérien et maritime (GAM-PN) de la DNPAF. Nous avons la chance d'avoir parmi nos effectifs une cinquantaine de pilotes d'avion. Je tiens enfin à souligner tout particulièrement le travail de nos policiers dans les centres de rétention administrative: ils font un travail aussi difficile qu'indispensable, confrontés à de plus en plus d'actes violents de la part des retenus. Depuis un an nous avons mis en place un plan spécifique avec 24 mesures très concrètes pour renforcer la sécurité dans ces CRA.

Quels nouveaux outils numériques sont déployés par la PAF?

L’objectif est de fluidifier et de sécuriser les contrôles aux frontières dans les grands aéroports, gares et ports internationaux. C'est l'image de la France qui est en jeu, nous faisons le maximum pour éviter des temps d'attente trop long. Aujourd'hui à Roissy par exemple, moins de 2% des passagers attendent plus de 30 minutes. À Orly, c'est moins de 1%. Les sas «PARAFE» (passages rapides et automatisés aux frontières extérieures) permettent de réaliser des contrôles sans garde frontière pour certaines nationalités seulement avec la comparaison par identification faciale de la photographie du passeport avec la personne qui se présente dans le sas et l'interrogation des fichiers de police français et européens. 227 sas sont déjà déployés sur le territoire. À plus long terme, l’idée est de faire évoluer les documents d’identité pour tendre vers un contrôle transfrontière en grande partie numérisé avec des systèmes de préenregistrement en amont du voyage. Nous travaillons en lien étroit avec des grandes entreprises privées comme le groupe ADP (aéroport de Paris), Eurostar, Eurotunnel/Getlink, AirFrance….

Quels sont les défis à venir pour la PAF?

Nous traitons des sujets sensibles où il faut associer lecture policière et opérationnelle mais également intérêts économiques, militaires, dimension humaine… Dans les années à venir, les phénomènes migratoires vont être plus importants, du fait de facteurs géopolitiques et climatiques, lesquels impactent très directement les flux sur nos différentes frontières.

La police aux frontières sera également au rendez-vous des prochains grands événements sportifs internationaux. La Coupe du monde de rugby se tiendra en septembre et octobre prochain, mais dès le 11 août, les premières équipes arriveront sur notre sol, tandis qu’en août et septembre 2024, les jeux olympiques et paralympiques de Paris attireront près de 16 millions de touristes. L’enjeu pour ces deux événements mondiaux sera de parvenir à assurer une sécurité totale sur les contrôles transfrontaliers tout en fluidifiant un trafic de voyageurs très dense. À cet effet, nous avons recruté près de 700 agents depuis début 2023 pour assister les policiers de la PAF aux contrôles frontières de première ligne: ce sont des «assistants de contrôle frontière» (ACF).

La PAF en quelques chiffres clés

  • la PAF est une direction spécialisée qui compte environ 12 000 agents, outre-mer compris ;
  • 20 centres de rétention administrativesont gérés par la PAF en métropole et 4 en outre-mer.

Chaque année, la PAF:

  • contrôle 90% des personnes sur les frontières (la douane prend en charge les 10% restants), soit 70 millions de personnes;
  • démantèle environ 300 filières de trafiquants de migrants,
  • refuse l'entrée sur notre territoire à environ 100 000 personnes en situation irrégulière;
  • traite plus de 70 000 procédures d’étrangers en situation irrégulière interpellés en France;
  • réalise environ 50 000 éloignements vers les pays d'origine à la fois depuis la métropole et l'outre-mer.