Sécurité du quotidien : focus sur la ville de Montpellier

  • Mis à jour le 29/04/2024
  • Actualité
  • Publié le 06/06/2023
policiers patrouillant de dos dans une rue
police nationale

La sécurité du quotidien, c’est une approche globale de la sécurité où tout le monde a un rôle à jouer : police nationale et police municipale, élus locaux, éducation nationale, bailleurs sociaux, commerçants, gestionnaires d’infrastructures et de transports publics.

L’un de ses premiers outils est le groupe de partenariat opérationnel (GPO) où sont partagées des informations et élaborées des solutions concrètes en réponse à des problèmes identifiés en temps réel : trafics de stupéfiants, rodéos, rassemblements, stationnement anarchique, harcèlement…

Le commandant Christophe Couailles est affecté à Montpellier dans l’Hérault (34) en tant que chef du commissariat de secteur « centre-ville ». Fervent défenseur de la sécurité du quotidien et son approche partenariale qu’il met en œuvre depuis 4 ans sous l’impulsion du préfet, du maire, du procureur de la République et du directeur départemental de la sécurité publique, il a obtenu des résultats concrets dans ce quartier historique où la délinquance avait explosé ces dernières années.

Quelle est la situation de la délinquance dans le centre-ville de Montpellier ?

C’est un quartier qui attire les délinquants du fait de son animation, ses restaurants, ses boîtes de nuit...À mon arrivée, nous faisions face à plusieurs problématiques : les mineurs non accompagnés, les réseaux de vols de cartes bancaires dans les transports en commun ou encore des « petits » trafics qui se sont déplacés dans le centre-ville depuis le Covid. Nous avions aussi une mendicité agressive à gérer : des groupes de SDF sous l’emprise d’alcool et de stupéfiants dont la présence sur la voie publique a créé un sentiment d’insécurité durable parmi les riverains. Avec l’ensemble des partenaires réunis en GPO, on a donc travaillé sur plusieurs leviers parmi lesquels la réinsertion en envisageant, avec les associations, la prise en charge de ces individus sous addiction et à la rue. Un arrêté municipal portant fermeture obligatoire des épiceries à 22h a également été pris pour éviter la surconsommation nocturne d’alcool sur la voie publique.

Comment est co-construite la sécurité ?

Nous établissons une stratégie globale de sécurité qui mêle opérationnel préventif et répressif, réponse judiciaire et approche sociale construite à partir des problèmes identifiés en GPO et de nos expertises respectives, c’est-à-dire du terrain et des champs d’interventions de chacun. Dès lors que les problèmes sont connus et explorés au cours de ces réunions « sur-mesure » avec les personnes concernées et actrices de la solution, on fait le lien avec les élus de la mairie, le préfet et le procureur pour activer plusieurs moyens de façon à obtenir des résultats concrets. Sur la question des mineurs isolés par exemple, les centres d’accueil ont été déplacés par la mairie, en lien avec la préfecture et le conseil départemental, pour mettre fin à une forte concentration en centre-ville qui renforçait les opportunités de délits dans un secteur déjà vulnérable. Parallèlement, afin de reprendre certains quartiers où s’adonnaient les trafiquants, la mairie a également préempté des commerces pour réadapter l’offre et déstabiliser l’écosystème du deal.

De son côté, le parquet met en place régulièrement des groupes locaux de traitement de la délinquance (GLTD) visant à mettre l’accent sur un secteur en particulier et à renforcer la réponse judiciaire. Ces objectifs ciblés sont évidemment conjugués avec d’importantes mesures d’occupation du terrain par la police nationale et la police municipale. Le préfet a d’ailleurs déployé depuis septembre 2022 des CRS à des endroits stratégiques. Un maillage complémentaire très efficace. Avec toutes ces mesures, on voit bien que l’étau se resserre autour de la délinquance.

La prévention a-t-elle sa place dans les solutions issues des GPO ?

Bien sûr, elle est même fondamentale, par exemple avec les commerçants et l’Éducation nationale, deux maillons de la sécurité de proximité. Cela passe par de la sensibilisation sur des phénomènes en cours mais aussi des actions plus spectaculaires comme l’intervention de chiens dressés à la détection de stupéfiants dans un lycée à la demande de la direction de l’établissement. On l’a fait une fois alors que des points de deal se développaient à proximité. Le message est passé dans toute la ville ! Spécialistes de la prévention, les référents et correspondants sûreté sont également des protagonistes de premier plan à l’échelle locale en réalisant des études de sûreté au profit de nombreux acteurs publics et privés et en formulant des préconisations pour améliorer la sécurité d’un site ou d’un événement.

Quels résultats ont été obtenus ?

Moins 25% de faits de délinquance la 1re année, moins 17% la 2e année, moins 10% en 2022. Les résultats sont là avec souvent des effets immédiats qui, pourtant, ont mis du temps à être perçus par la population. On observe enfin les fruits d’un travail collectif amorcé il y a deux ans. Attention toutefois, les problèmes résolus par les GPO ne le sont jamais définitivement. Une piqûre de rappel est souvent nécessaire mais grâce au travail partenarial fait en amont, on sait ce qu’il faut faire. Il suffit de suivre la recette.

La sécurité du quotidien, c’est aussi mieux occuper la voie publique grâce au renforcement des effectifs, notamment dans les quartiers de reconquête républicaine, mieux répondre aux besoins de la population grâce aux ressources numériques, mieux accompagner les victimes grâce aux pôles psycho-sociaux.