Un nouveau fanion pour les motards de la Police nationale

Un nouveau fanion pour les motards de la Police nationale
9 juillet 2013

Pendant la présentation des troupes au directeur général de la Police Nationale (DGPN), les motards de la sécurité publique ont reçu un nouveau fanion. Entretien avec René Rivière et Pascal Lalle, directeur central de la sécurité publique (DCSP).


Portrait René Rivière

Vendredi 5 juillet, le capitaine Yannick Le Darz s'est vu remettre le fanion qu'il arborera sur les Champs-Élysées le jour du défilé. Pour l'occasion, René Rivière, ancien motard de la sécurité publique (SP), et Pascal Lalle, DCSP, ont foulé côte à côte le goudron de la base militaire de Satory. La cérémonie terminée, les deux hommes nous ont accordé quelques minutes pour faire le point sur ce moment symbolique.

SICoP : Pour commencer Mr Rivière pourriez-vous  vous présenter à nos lecteurs ?

René Rivière : Cela peut être long! Du haut de mes 92 ans, vous vous doutez qu'il y a de quoi dire... Je vais essayer de vous faire les grandes lignes. Avant la guerre, j'ai travaillé pendant deux ans en tant que menuisier. Lorsque les hostilités ont commencé, mon patron de l'époque a été réquisitionné et l'atelier où j'étais embauché a fermé ses portes. Après un passage dans une entreprise de pompes funèbres, je me suis retrouvé, par le hasard de la vie, à travailler comme carrossier. Alors que je faisais mon petit bout de chemin, j'ai reçu une lettre m'annonçant que je devais me rendre en Allemagne où j'ai passé une longue et pénible année. N'en pouvant plus de cette situation, j'ai fini par m'enfuir pour me réfugier dans l'Orne où vivait ma famille.

SICoP : Vous étiez donc un déserteur en fuite?

René Rivière : Oui... Et j'étais recherché par les allemands et les gendarmes. Heureusement pour moi, ces derniers appréciaient mes parents et ont tout fait pour m'aider à régulariser ma situation. Dans cette optique, ils m'ont conseillé de passer le concours de la gendarmerie qui recrutait alors. J'ai, dés le lendemain, tenté ma chance et les militaires m'ont annoncé que les résultats ne tomberaient que dans quinze jours. En rentrant chez moi, satisfait de la lumière que je commençais à voir au bout du chemin, j'ai discuté avec mon frère qui m'a annoncé que la Police de la route embauchait aussi. Je suis donc allé passer l'examen à Versailles.

SICoP : Et les deux ont émis une réponse favorable...

René Rivière : Les chances de la vie ! Après réflexion, j'ai opté pour la Police qui correspondait bien plus à mon style de vie. J'ai donc intégré les forces motorisées en 1942 avec le grade de gardien de la paix. Et je n'ai pas regretté ce choix !

SICoP : Mr Lalle, la présence d'un tel personnage est très symbolique, non ?

Pascal Lalle : Oui, au même titre que l'est la remise du fanion... Depuis quelques années, la Police nationale cherche à établir des repères illustrant les grandes évolutions de notre institution. Il est important que les plus jeunes comprennent que d'autres sont passés avant eux et ont marqué leur temps et leur histoire... Ce sont ces symboles forts qui permettent la transmission des valeurs et la cohésion des hommes.

SICoP : Mais, concrètement, comment la remise du fanion s'est-elle passée ? 

René Rivière : Pour rester dans de la description pure, je l'ai apporté jusqu'au DCSP qui l'a ensuite remis à Mr Le Darz. Solennellement, il le lui a tendu en lui tenant un discours sur l'importance de ce moment, le tout sous le regard du Préfet Claude Baland, DGPN. Ces quelques minutes, trop courtes, étaient néanmoins chargées d’émotion par la puissance du cérémonial.

SICoP : Ce fanion, que représente-t-il ?

Pascal Lalle : Il est composé de tous les symboles inhérents à la fonction des motards. On y retrouve les couleurs de la République, un motocycliste en pleine action et le nom de la sécurité publique. Cet étendard sera installé sur le deux roues du capitaine Yannick Le Darz qui sera, le 14 juillet, en tête du détachement de la Police nationale.

SICoP : Que va devenir ce fanion après le défilé?

Pascal Lalle : Il va beaucoup voyager... À chaque fois qu'un détachement de motocycliste de la sécurité publique aura l'occasion de défiler, que ce soit pour le 14 juillet ou un autre événement, sur Paris ou en province, ce fanion flottera au-dessus de l'unité. Cela permettra à nos hommes de posséder un nouvel élément d'identification et de cohésion, un objet, au demeurant assez simple, mais porteur d'un message fort et durable.

SICoP : Et qu'avez-vous ressenti, Mr Rivière, en participant à cette cérémonie ?

René Rivière : Je suis touché... J'ai toujours eu un profond respect pour notre tenue et notre famille. Je n'ai jamais oublié les années passées en tant que gardien de la paix ! Pour moi, les motards sont des gens absolument formidables et cette profession, bien que difficile, reste gravée dans ma chair. D'ailleurs, je dois vous faire une confession... Aujourd'hui encore, il m'arrive d'aller les saluer sur le bord de la route.