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- Publié le 02/11/2023
- Mis à jour le 26/11/2024

À l’occasion de la semaine nationale du chien qui s'est tenue du 1er au 8 octobre 2023, direction le Centre national de formation des unités cynotechniques (CNFUC) pour vous renseigner sur le rôle du chien dans la police nationale et le métier de son binôme, le maître-chien.
Comment accéder à ce métier ? Quelles sont les compétences attendues ? Quelles sont les spécificités d’un maître-chien en police ? Existe-t-il une journée type d'un conducteur, aussi appelé maître chien ? Que deviennent les chiens lorsqu’ils sont réformés ?
La police nationale et les canidés, c’est plus d’un siècle d’histoire ! Alors pour faire la lumière sur cette relation de longue date, nous nous sommes tournés vers un spécialiste en la matière : Fabrice, chef de centre adjoint et responsable des formations au CNFUC.
Comment accéder au métier de cynotechnicien ? Quelles sont les compétences attendues ?
Pour exercer le métier de cynotechnicien dans une région, il faut déjà y être affecté en tant que policier titulaire depuis un an, répondre à un appel d’offre, être présélectionné pour être intégré en formation, puis être évalué, réussir sa formation et sortir avec son chien pour ensuite exercer sur la voie publique. Cette formation est sanctionnée par un examen qui valide l’activité opérationnelle. Il y a actuellement entre 800 et 1 000 cynotechniciens.
Le CNFUC forme tous les conducteurs à la connaissance de la matière recherchée. Par exemple, en recherche d’explosifs, les conducteurs sont formés pendant une semaine avec les démineurs à la compréhension des produits et à la manipulation, ainsi qu’à la dangerosité de la matière.
Quand on travaille en recherche de produits stupéfiants, on est formé à leur manipulation. On ne travaille jamais à l’aveugle parce que ce sont des matières dangereuses, qui nécessitent un protocole de manipulation et certaines règles de stockage. Ce travail de préparation est nécessaire, que ce soit pour les armes, les stupéfiants, les explosifs ou encore la recherche d’un engin pyrotechnique.
Dans le cadre de la recherche de personnes, on pourrait penser qu’il n’y a pas de connaissances particulières à avoir. Hé bien non !
Il faut savoir comment l’odeur se transmet, se disperse, se diffuse, comme par exemple dans le cadre de la recherche de personne ensevelie sous une avalanche. On travaille avec un animal à retrouver une odeur, mais il faut comprendre pourquoi l’animal se comporte de telle ou telle manière.
Par exemple, on a constaté que les odeurs se collent sur les parties métalliques froides. C’est une particularité qu’il faut connaître pour un conducteur. Pourquoi le chien va tourner en rond alors que la personne peut être à un autre endroit ? Peut-être parce qu’il y a un courant d’air en direction d’une partie métallique une voiture ou autre ; et l’odeur va se plaquer sur cette surface. Le conducteur doit savoir analyser pourquoi l’animal s’intéresse à cet endroit et comprendre qu’il est sur un plaquage d’odeurs massif.

Fabrice, maître chien, en forêt de Fontainebleau
Quelles sont les spécificités d’un maître-chien en police ?
En police nationale, on peut considérer que la spécialité de cynotechnicien est d’abord un métier de policier qui travaille avec un chien. La première de ses missions est la réponse à une problématique dans le respect du cadre légal. La seconde s’exerce selon la spécialité :
- le policier qui intervient avec un chien, nommé conducteur cynotechnicien en défense et intervention, assure la protection des citoyens mais aussi des autres unités de police. Il se rend sur les secteurs difficiles et vient assurer la sécurité de nos collègues dans le cadre de leurs interventions quotidiennes. Il assure aussi la sécurité et la protection des effectifs spécialisés en intervention dans des secteurs particuliers.
- la recherche olfaction : ce sont des chiens qui assurent, par leur dressage, la recherche de matières spécifiques parmi lesquelles : l’odeur sur une scène de crime (odorologie), les stupéfiants, les armes et les billets, les explosifs, les engins pyrotechniques. Ils aident également à la recherche de personnes disparues avec une spécificité pour la recherche sous manteau neigeux. Les chiens d’assaut du RAID sont une particularité. Leur première phase de dressage s’effectue au CNFUC, puis se poursuit au RAID avec un moniteur dédié.
Existe-t-il une journée type du maître chien ?
Parler de journée type est difficile, parce que nous sommes soumis aux impératifs du service et des urgences. Néanmoins, quand un maître-chien prend son service, il commence par détendre son animal, c’est-à-dire lui permettre de sortir de son box et se promener pour une durée de 15 minutes minimum. En général il le sort une petite demi-heure avant de prendre son service. Au cours d’un service opérationnel en défense intervention, on accorde au chien plusieurs moments de pause (caresse, lien). L’animal n’est pas posté dans un véhicule comme cela a pu être dit. On le sort le plus souvent possible entre les différentes actions de police.
Pour un maître-chien en recherche et olfaction : la journée est dédiée à l’animal tant qu’il n’est pas sollicité sur une opération de perquisition ou de recherche de produits en milieu ouvert. Cela veut dire des détentes, du pansage (entretien de l’animal, brossage, soins). Cela veut aussi dire qu’on entraîne l’animal régulièrement à la découverte de produits.
Quand on rencontre une difficulté opérationnelle, on se dit : « tiens, j’ai rencontré cette problématique avec mon animal, je vais donc travailler ce point avec un moniteur référent. » Le métier de maître-chien, c’est aussi la prophylaxie, ou comment faire pour éviter le développement et la transmission des maladies dans les chenils.
Cela commence par la désinfection des véhicules, le nettoyage des cages de transport, l’entretien du box du chien, de sa niche, le nettoyage de sa gamelle d’eau, de son plat à croquettes, la désinfection des cuirs des colliers, tout ce qui est nécessaire à la conduite de l’animal.

Travaillez-vous avec d’autres directions ou organismes ?
Toutes les directions de la police nationale détiennent des animaux, du RAID jusqu’au service national de police scientifique (SNPS) qui dispose des chiens de recherche d’odeurs sur scène de crime, ou encore les CRS avec les chiens de secours à personnes.
Par ailleurs, le CNFUC évalue toutes les formations « cynotechniques » de l’administration pénitentiaire. Le centre a des échanges avec le centre de formation de l’administration des douanes. Il collabore également sur des actions de formation avec nos homologues du centre national d’instruction cynophile de la gendarmerie à Gramat (46).
Le CNFUC collabore également avec l’ordre national des vétérinaires. La centre a créé avec lui et la SPA, un cours au profit des élèves gardiens de la paix qui traite de la maltraitance animale.
Quelle est la place du chien dans la police nationale ?
Le chien a un rôle et une place très importante. Grâce à son odorat très développé, il va permettre la découverte de produits cachés ou de personnes disparues. Ses capacités naturelles de dissuasion apportent un soutien aux unités d’intervention. Il a un rôle primordial d’assistance, et enfin on ne peut pas nier un rôle important en termes de communication. Nous avons à cœur de respecter et de soigner nos animaux. Les règles de bien-être animal font partie de notre façon de travailler au quotidien.
« Les règles de bien-être animal font partie de notre façon de travailler au quotidien. »

Les conducteurs, les dresseurs et les moniteurs sont tous formés aux soins et au respect du bien-être animal. Cela passe aussi par l’apprentissage de règles de soins pour les chiens. Par exemple, dans le cadre de la formation initiale des conducteurs, il existe un cours intitulé « comment intervenir et porter les premiers secours aux chiens ? ». Les chiens sont considérés et reconnus. Lorsqu’ils ont des résultats particuliers ou importants, ils peuvent être médaillés. Tous les chiens disposent d’un matricule et sont soumis à un protocole de soin et de vaccination. Malheureusement, comme les policiers, les chiens sont exposés à des dangers et peuvent perdre la vie lors d’une mission. Après le décès du chien du RAID Diesel lors des attentats de 2015, la mobilisation a été immense tant au national que de la part de pays étrangers.

Que deviennent les chiens lorsqu’ils sont réformés ?
Les chiens peuvent être réformés selon trois critères :
- La réforme libératoire à 8 ans, plus un an sur accord vétérinaire, si le chien présente des compétences physiques adaptées à la poursuite de son exercice.
- La santé. Si un chien présente un souci de santé, il sera soigné puis proposé à la réforme.
- Une difficulté technique. Par exemple, une manifestation de stress trop intense dans le cadre d’intervention particulièrement dangereuse, si le chien présente un trouble psychologique ou encore s’il ne veut plus chercher pour des raisons purement techniques.
Dans ces cas-là, on pourra le réformer et il sera proposé à l’adoption.
Quand ces chiens sont réformés, dans 80 à 90 % des cas, c’est le conducteur du chien qui le récupère. L’administration lui cède gracieusement et il en devient le propriétaire. Dans près
de 10 % des cas, des policiers qui ont travaillé dans le milieu du chien ou des civils se proposent pour accueillir un chien.
Vous avez travaillé avec de nombreux chiens durant votre carrière, avez-vous une anecdote avec l’un d’eux ?
En tant que formateur, mon métier consiste à recruter des chiens, les former et ensuite les donner à un autre conducteur pour qu’ils puissent faire leur carrière ensemble.
Un jour, j’ai récupéré une petite chienne à la SPA qui avait été abandonnée, qui avait dû être un peu maltraitée et avec qui j’avais créé un lien assez fort, je ne l’oublierai pas le temps de
ma carrière.
Quand j’ai confié cette chienne au futur conducteur en stage, ça a été très difficile parce qu’elle ne voulait absolument pas créer de lien avec lui. Elle voulait rester auprès de moi. J’avais le sentiment que cette chienne me remerciait de l’avoir sortie de la vie difficile qu’elle avait eue.
Cela a été très difficile pour moi de me séparer d’elle. Mais c’était obligatoire pour que le conducteur, à son tour, puisse créer un lien.
Le lien avec son conducteur s’est créé et ça s’est très bien passé. Le conducteur m’envoyait des photos très régulièrement, me donnait des nouvelles de son travail, de son activité opérationnelle. Elle a été médaillée cette petite chienne, parce que son conducteur a fait un excellent travail avec elle. J’ai toujours gardé ce souvenir parce que j’aurais aimé la garder à mes côtés. Je n’ai pas pu et ça fait partie du travail, de notre métier de formateur.
C’est tout ce travail commun entre le formateur et le conducteur qui, pour moi, présente une super anecdote. Parce que cette jeune chienne a eu une belle vie. Elle a été réformée à ses 8 ans. Et il l’a gardée avec lui. Il m’envoie encore régulièrement des petites photos.
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