Du privé à gardien de la paix, une reconversion réussie

J. Groisard / ministère de l'Intérieur

Cinq années après avoir réussi le concours externe de gardien de la paix, Maï, en reconversion professionnelle, est désormais brigadier-chef. Découvrez son parcours.

Pendant plusieurs années Maï travaillait dans l’optique. Ayant toujours eu un attrait pour la police nationale, elle décidait une reconversion professionnelle en passant le concours externe de gardien de la paix. Cinq années plus tard, après avoir exercé en police-secours, Maï est désormais brigadier-chef, officier de police judiciaire, dans un service d’investigation d’un commissariat de police en région parisienne.

Après avoir eu quelques appréhensions à intégrer la police nationale à 30 ans passés, elle est désormais totalement épanouie et espère pouvoir se spécialiser davantage pour rejoindre un groupe en police judiciaire.

Découvrez son parcours, sa scolarité en école de police, ses premières années au sein de la police nationale, comment passer de police-secours à un service d’investigation

Bonjour Maï, quel fut vôtre parcours avant de passer le concours de gardien de la paix ?

Avant de passer le concours externe de gardien de la paix, j’ai travaillé plusieurs années dans l’optique puis je me suis mise à mon compte pendant un an, ce qui m’a permis de passer le concours dans des conditions optimales. Je gérais mon temps de travail comme je le voulais, j’avais tout le temps nécessaire pour la préparation aux épreuves du concours.

Pourquoi cette reconversion professionnelle ?

En 2015/2016, je voulais déjà intégrer la police nationale mais il m’était impossible de partir pendant un an en école de police, ayant à cette époque un frère en situation de handicap à ma charge. J’avais donc laissé tomber. Et en 2018, j’ai fait « ma crise de quarantaine avant l’âge », je ne me voyais pas continuer dans l’optique toute ma vie, j’ai alors songé à ce que je pourrais faire jusqu’à la fin de ma vie active. Je me suis souvenue que j’avais voulu passer le concours gardien de la paix quelques années auparavant et que s’il fallait se reconvertir professionnellement parlant, c’était maintenant ou jamais.

Pourquoi la police nationale ?

J’ai toujours aimé résoudre des problèmes, chercher, et je suis assez méticuleuse... ça collait plutôt bien avec le travail d’enquête et l’investigation. J’ai toujours eu une sainte horreur de « l’injustice », des attaques gratuites. J’ai toujours estimé que les personnes qui commettaient des délits et des crimes devaient être attrapées et répondre de leurs actes. Cela peut paraître un peu cliché mais je suis rentrée dans la police pour « courir après les méchants ».

Aviez-vous des appréhensions avant de rentrer en police ou sur ce choix ou autre chose ?

En faisant le choix de rentrer dans la police nationale, en 2018, à 31 ans ce qui est un peu plus tard qu’à l’accoutumée, je savais que les opportunités de carrière seraient peut-être moins nombreuses pour moi que pour mes collègues qui rejoignent l’institution à 20 ans par exemple et qui ont la possibilité de rester plus longtemps dans certains services avant de rejoindre le service de « leur rêve ».

À noter : le concours de gardien de la paix permet aujourd’hui à n’importe quelle personne remplissant les critères d’intégrer la police jusqu’à 45 ans au 1er janvier de l’année du concours ! 

« Quand on a travaillé dans le privé, se reconvertir est déjà assez compliqué. La police nationale donne tout autant sa chance à un candidat de 20 ans qu’à un candidat de 42 ans, on en entend peu parler dans les médias mais c’est une opportunité incroyable. »

Maï.

Toujours dans ce principe d’égalité des chances, que l’on vienne des territoires ou d’un quartier sensible de banlieue parisienne, il n’y a aucune distinction à l’embauche, à partir du moment où un candidat remplit les critères, il peut passer le concours, c’est une chose formidable !

Comment s’est déroulée vôtre scolarité en école de police ?

L’année en école de police a été intense pour ma part car je me suis mise une sacrée pression ! La scolarité n’en demeure pas moins difficile avec l’âge, il faut se replonger dans un cursus scolaire : pas toujours évident quand on a quitté les bancs de l’école 10, 15 ou 20 ans auparavant. En école, les parcours des élèves gardiens sont extrêmement variés, chacun arrive avec son vécu. Cependant, la scolarité en école de police remet tous les compteurs à zéro. Qu’importe si un élève a un master 1 ou un CAP plomberie, tout le monde se retrouve à un moment donné sur le même piédestal, en école de police, face aux mêmes examens.
La différence se joue avec le travail fourni tout au long de cette année chargée. Cela reste tout de même un retour sur les bancs de l’école plutôt sympathique, pour ma part j’avais passé le baccalauréat 13 ans auparavant. 

Durant la scolarité des belles amitiés se créent, certaines qui durent et certaines qui ne dépasseront pas le stade de l’année d’école. Les tensions sont également présentes, il faut en avoir conscience. Être en école de police, c’est travailler de manière collective tout en gardant en mémoire qu’il faut avoir un bon classement individuel. Le but étant de finir le mieux classé en fin de scolarité pour choisir son poste parmi les premiers.

E. Delelis / ministère de l'Intérieur
Quel fut vôtre premier poste en sortie d’école ?

J’ai eu un bon classement à l’issue de la scolarité, ce qui m’a permis d’obtenir le poste que je voulais en sortie d’école : travailler en police-secours, de jour, dans un commissariat situé dans le Val d’Oise (95), mon département de résidence. Pour une candidate externe, je ne pouvais pas espérer mieux !

Comment se sont déroulées les premières années de vôtre carrière en police nationale ?

J’ai passé trois belles années à exercer le cœur du métier de policier à mon sens : la police-secours.

Ma circonscription est telle que nous avons autant la possibilité de travailler d’initiative (c’est-à-dire à la recherche de flagrant-délit) que sur les appels 17. Cela m’a permis notamment, une fois, d’effectuer une opération en tenue civile d’une journée sur un point de deal, ce qui a mené à l’interpellation d’individus en possession de plusieurs dizaines de kilos de résine de cannabis, d’une arme de poing et d’une grosse somme d’argent. Chose assez rare quand on évolue en brigade de roulement et en tenue !

J’ai beaucoup aimé la vie en brigade, l’ambiance qui y régnait, l’adrénaline lorsqu’une mission sensible tombait ou encore les traditions de brigades également : « le petit salé » sur les cycles du matin (repas salé que l’on prenait entre nous au poste entre deux missions lorsque nous avions le temps de rentrer manger). Cependant il y avait quelque chose que j’aimais encore plus, c’était le travail d’enquête, l’investigation.

D. Mendiboure / ministère de l'Intérieur
Comment intégrer un service d’investigation lorsque l’on est en brigade de roulement ?

Je dois reconnaître que j’ai eu quelques difficultés à rejoindre un groupe judiciaire dans mon commissariat, il fallait absolument maintenir un équilibre avec le nombre d’effectifs présents sur la voie publique. Comme cela tardait pour moi et que l’envie de faire du judiciaire demeurait toujours aussi forte, j’ai décidé de suivre la formation pour obtenir la qualification d’OPJ (officier de police judiciaire) bien qu’étant encore en police secours à ce moment-là, en attendant de rejoindre un peu plus tard un service d’enquête. Un sacré défi pour moi qui n’avais jamais rédigé autre chose que les premiers actes de procédures que l’on rédige habituellement en voie publique.

Comment s’est déroulée cette formation pour devenir officier de police judiciaire (OPJ) ?

Cela n’a pas été chose simple, absolument tout était nouveau, j’étais avec des collègues déjà rompus à faire de l’investigation pour les trois quarts et pour qui les notions abordées durant ces six mois de formation faisaient déjà partie de leur quotidien. Je me souviens avoir craqué et avoir pleuré en cours, fidèle à moi-même je m’étais encore une fois mise la pression…

Mais l’intérêt pour la matière, la rigueur dans le travail fourni et surtout des formidables compagnons de révisions m’ont permis de réussir l’examen, de devenir OPJ et également brigadier de police grâce à la réussite à l’examen (le grade de brigadier de police s’obtiennait de manière automatique à la réussite à l’examen OPJ). Ce grade ayant été supprimé, en aôut 2023, avec la LOPMI, tous les brigadiers de police ont été reclassés au grade de brigadier-chef. Un sacré avancement de carrière pour moi qui étais encore gardien de la paix titulaire de seulement deux années lorsque j’ai passé l’examen OPJ !

Qualification OPJ en poche, avez vous pu intégrer un service d’investigation ?

Oui ! Trois mois après avoir obtenu la qualification d’OPJ, j’ai pu rejoindre le groupe d’investigation que je convoitais dans mon service : le groupe violences aux personnes (anciennement nommé groupe crime) qui traite les viols, les tentatives de meurtre, les agressions violentes, les atteintes sexuelles, la pédopornographie etc. 

On enquête sur tout ce qui est relatif aux atteintes graves aux personnes. Le travail est complètement différent avec celui en police-secours, on fait principalement de la procédure pénale et policière : placement en garde à vue, audition, interpellation et perquisition, téléphonie et d’autres encore. On évolue en tenue civile, on est forcément moins « sur le terrain » qu’en brigade de roulement par exemple. Le quotidien est différent, je m’y épanouis complètement, c’est très stimulant, mais la charge de travail est également très lourde. Le terrain me manque tout de même je ne vais pas le cacher, mais c’est un choix de carrière que je ne regrette pas.

Quelles sont vos perspectives d’évolution de carrière ?

J’espère pouvoir me spécialiser davantage et rejoindre un jour un groupe en police judiciaire (PJ) tel que le groupe de répression du banditisme (GRB) par exemple que j’ai eu l’occasion de découvrir lors d’un stage où encore l’office centrale pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). C’est aussi ça l’avantage dans la police nationale, la possibilité de changer de service, d’effectuer un métier différent en tant que policier, les perspectives d’évolutions sont nombreuses.

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